![]() | Née en 1970 à Londres (Royaume-Uni) Vit et travaille à Bruxelles (Belgique) | Biographie Bibliographie Liste expositions | Laura Waddington, documentation captée en public à l’occasion de la conférence Vidéo et après, 20 novembre 2006, Centre Pompidou, Paris, séance présentée par l’artiste. |
Laura Waddington étudie la littérature anglaise à l’Université de Cambridge. Elle vit ensuite pendant sept ans à New York, où elle travaille dans le cinéma indépendant et expérimental et réalise ses premiers court-métrages.
Très vite, elle adopte la caméra numérique, qui est pour elle un mode de production alternatif permettant une autonomie technique et une facilité de travail en post production. Elle réalise beaucoup de commandes, des vidéos pour des chorégraphes, des personnalités de l’art ou de la mode. Dans des vidéos plus personnelles, elle mêle documentaire et fiction et elle traite du déplacement, du voyage à la transhumance, de l’absence de réelle liberté des hommes, des frontières cachées et impénétrables. Elle s’intéresse à des hommes et des femmes, en marge de la société et s’attache à montrer les êtres humains que l’on refuse parfois de voir en eux. L’investissement personnel de l’artiste ainsi que les procédés esthétiques employés rapproche ses vidéos du genre documentaire. Munie de sa caméra elle se rend sur les sites qu’elle souhaite étudier, elle prend le temps du voyage et rapporte de ses expéditions des témoignages humains.? Ainsi, ces films intenses constituent des expériences esthétiques et existentielles.
En 1995, elle réalise sa première vidéo Zone, filmée en caméra cachée sur un paquebot, le Queen Elisabeth 2, suivi de The Lost Days, en 1997 relatant l’histoire d’une femme parcourant le monde en envoyant des lettres vidéo à un ami. Pour cette œuvre, Laura Waddington qui vivait illégalement aux États-Unis et ne pouvait donc pas voyager, a contacté sur Internet des habitants de quinze pays différents et leur a demandé de filmer leur ville en fonction d’instructions précises. Elle a ensuite travaillé avec les images qu’ils avaient envoyées. Cette époque marque également le début de sa collaboration avec le compositeur anglais Simon Fisher Turner.
En 1998, Laura Waddington quitte New York et vit quelques temps à Lisbonne, à Barcelone puis elle finit par s’installer à Paris. Suite à une commande du festival du Film de Rotterdam autour du projet « On the Waterfront », elle réalise Cargo (2001 ), le récit d’un voyage effectué pendant tout un été sur un paquebot traversant l’Europe pour rejoindre le Moyen-Orient au sein d’un équipage de marins internationaux. Elle filme les conditions de vie des marins et leur accueil dans les différents ports d’arrêt, mais aussi l’écoulement et la notion du temps altéré à bord. Par ailleurs, l’artiste élabore l’idée qu’il existe en Europe, des coulisses, une double vie en plus des frontières connues.
Laura Waddington voyage ainsi dans toute l’Europe, au Kurdistan, et dans les Balkans, à la recherche des itinéraires parcourus par les exilés du monde, parfois dans les endroits les plus risqués. Border (2004) est le témoignage de son expérience dans les bois entourant le camp de la Croix Rouge à Sangatte, dans le Pas-de-Calais, où elle a vécu, cachée avec les réfugiés irakiens et afghans durant plusieurs mois. Filmant clandestinement leurs tentatives désespérées d’échapper à la police et de traverser le tunnel sous la Manche pour rejoindre l’Angleterre. Avec une petite caméra vidéo, elle filme de nuit utilisant pour seul éclairage les phares des voitures et lampes d’appoint.
En 2006, elle passe plusieurs mois à Amman, en Jordanie, et en a tiré des entrevues avec des réfugiés qui avaient fui la guerre en Irak, puis reste en Jordanie pour poursuivre ses recherches en 2008 et 2009.
Le travail de Laura Waddington a été présenté et primé dans de nombreux festivals internationaux de film, documentaires et de vidéos parmi lesquels ceux de Locarno, Zurich et Rotterdam.
Priscilia Marques