![]() | Nationalité américaine Né en 1951 à Flushing (Etats-unis d'Amérique). Décédé en 2024 | Biographie Bibliographie Liste expositions | Bill Viola, « De la nature des choses », documentation captée en public à l’occasion de la conférence Vidéo et après, 23 janvier 2006, Centre Pompidou, Paris, séance présentée par Gilles A. Tiberghien. |
En 1969, Bill Viola entre au département d'art de l'Université de Syracuse à New York. A partir de 1970, il commence à travailler avec la vidéo dans le cadre des activités de l'Union des étudiants de Syracuse. L'année suivante, il rencontre, dans le département des Studios expérimentaux, le professeur Jack Nelson qui va beaucoup influencer son travail, ainsi que celui de toute une génération d'artistes expérimentaux. Au cours de cette période, Bill Viola devient membre du groupe vidéo Synapse de l'Université de Syracuse, où il réalise et installe un système de télévision par câble, et acquiert des connaissances d'ingénieur du son. Puis il devient assistant technique du département vidéo à l'Everson Museum de Syracuse, et collabore avec le conservateur David Ross.
En 1972, il réalise sa première vidéo, Wild Horses, et travaille comme assistant d'exposition de Nam June Paik et de Peter Campus. En 1973, il obtient le diplôme BFA des Studios expérimentaux du Collège des arts visuels et du spectacle de l'Université de Syracuse. La même année, sa participation à l'atelier d'été des Nouvelles Musiques à Chocorua (New Hampshire) lui permet d'étudier la musique avec le compositeur David Tudor, dont il devient le collaborateur au sein du groupe de compositeurs Composers Inside Electronic. Il réalise avec ce groupe plusieurs performances sonores à travers le monde [1].
C'est en 1972 que Bill Viola expose pour la première fois aux Etats-Unis (Instant Replay). Deux ans plus tard, en Europe, il présente l'installation vidéo Trapped Moments à l'exposition Impact Artevideo au Musée d'art décoratif de Lausanne (Suisse).
De 1974 à 1976, Bill Viola est directeur technique de production à l'Art / Tapes / 22 Vidéo Studio de Florence (Italie), ce qui lui donne l'occasion de travailler avec des artistes européens et américains, tels que Giulio Paolini, Janis Kounellis, Mario Merz, Vito Acconci, Joan Jonas et Terry Fox. Il fait la connaissance de l'ingénieur du son Bob Bielecki, avec qui il collaborera dans un projet d'enregistrement de sons sous l'eau. En 1977, il devient directeur des activités culturelles à l'Université de Trobe à Melbourne (Australie).
Bill Viola est très intéressé par les philosophies orientales et par la diversité culturelle des pays qu'il découvre au cours de ses voyages à travers le monde. Les images qu'il réalise pendant ses voyages seront réutilisées dans ses bandes vidéo. En 1976, il part pour les îles Salomon (Pacifique Sud) dans le but d'enregistrer des musiques et des danses traditionnelles. En 1977, à Java (Indonésie), il étudie les arts traditionnels du spectacle avec l'ethnomusicologue américain Alex Dea. En 1979, il enregistre l'hiver des prairies au Canada. Il se rend ensuite en Tunisie pour filmer les mirages du désert saharien - images qui seront utilisées dans la bande vidéo Chott el-Djerid. En 1980, grâce à une bourse de la Japan / U.S. Friendship Commission, il séjourne pendant dix-huit mois au Japon, afin d'étudier la culture traditionnelle japonaise, ainsi que les nouvelles technologies de la vidéo. Il sera l'élève du peintre et maître zen Tanaka Daien. Au Ladakh dans l'Himalaya en 1982, il observe les rituels et les arts religieux dans les monastères bouddhistes. Dans les îles Fidji en 1984, il filme la cérémonie hindoue de la marche sur le feu. En 1987, il voyage dans le Sud-Ouest américain pendant cinq mois, afin d'étudier l'archéologie des autochtones et filmer des paysages désertiques.
En 1992, Bill Viola réalise une série d'installations vidéo (Threshold, Heaven and Earth, Nantes Triptych, etc.), où il développe, à travers le thème du passage, une réflexion sur la condition humaine, la naissance et la mort. Ses installations sont conçues de telle sorte que l'oeuvre est perçue par le spectateur comme une expérience vécue.
Bill Viola a été artiste résident notamment à la WNET / Thirteen Television Laboratory à New York (1976-1980), à la Sony Corporation's Atsugi Research Laboratories au Japon (1981), au Memorial Centre Medical de Long Beach (1983) et au Zoo de San Diego (1984).
Une première rétrospective de son oeuvre a été organisée aux Etats-Unis en 1982 par le Whitney Museum à New York, et en Europe en 1983 par le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris. Ses travaux figurent dans les collections des plus grandes institutions (le Museum of Modern Art et le Guggenheim Museum à New York, le Centre Georges Pompidou à Paris, la Tate Gallery à Londres, etc.).
Bill Viola a obtenu en 1985 la "bourse Guggenheim" et en 1987 le prix "Maya Deren Award" de l'American Film Institute. Il a également obtenu, en 1993 en Allemagne, le "Medienkunstpreis" du Zentrum für Kunst und Medientechnologie et du Siemens Kulturprogramm. En 1995 et 1997, il reçut le titre honorifique de Docteur en beaux-arts à la fois de l'Université de Syracuse et de l'Institute of Art de Chicago.
Tout au long de son parcours, Bill Viola a réussi à intégrer à sa recherche de la perception de l'oeil humain les techniques les plus sophistiquées. Le son occupe également chez lui un aspect fondamental : "J'ai toujours pensé que le son contenait beaucoup plus d'informations sur l'espace que l'image."[2] Bill Viola figure parmi les artistes qui, depuis la fin des années 70 jusqu'à aujourd'hui, ont le plus influencé le développement de la vidéo en tant qu'art.
Nayara Gil Condé
[1] Aux Etats-Unis : Everson Museum of Art, Syracuse (1974), Los Angeles County Museum of Art (1975), Walker Arts Center, Minneapolis (1976), Institute of Contemporary Art, Philadelphie (1979) ; en France : Festival d'Automne, Paris (1976 et 1977) ; au Japon : Tokyo International Video Art Exhibition (1978), Fog Sculpture - A Fog, Sound and Light Festival, Kawaji Onsen (1980) ; en Allemagne : Festival de Berlin (1980).
[2] Propos de Bill Viola, au cours d'un entretien publié dans Libération, Paris, 25 mars 1983.