Terra Degli Dea Madre, 1984

U-matic, PAL, 4/3, couleur, son


Marina Abramovic et Ulay poursuivent leur exploration d'un temps et d'un espace culturels en Sicile. Le mouvement fluide de la caméra traverse des paysages rocailleux, les ruines et la mémoire d'une culture ancestrale. Le murmure d'un groupe d'homme s'élève et semble communiquer aux pierres leurs légendes intemporelles. Les voix s'amplifient en un chant en échos, un grondement, une plainte lointaine qui va à la terre et qui y revient, et fait glisser l'image plus loin que le paysage. Le regard passe linéairement, grâce aux mouvements amples de la caméra, de cet espace ouvert à l'intérieur austère d'une maison où de sombres figures féminines reprennent à leur tour le chemin de la parole.
Paroles sacrées, prières des morts, ces femmes religieuses sont autant de piétas douloureuses. Marina Abramovic et Ulay travaillent les contrastes, les oppositions et les passages de l'homme à la femme, de l'intérieur à l'extérieur, de la nature à la civilisation, montrant avec force le lien étroit de l'être à son environnement.

Stéphanie Moisdon