Das Frühstück des Leonardo Da Vinci, 1988

BVU, PAL, couleur, son


Durant presque cinquante ans, Wolf Vostell a parcouru le monde et l'a recréé, dessiné une sorte de carte imaginaire qui condense les langues et les cultures, les mythes et l'Histoire, la vidéo et la peinture, la musique électro-acoustique et la musique bruitiste, les technologies les plus modernes comme la télévision et les plus artisanale comme l'estampe ou le dessin. Artiste multimédia, connu pour ses " dé-collages ", il fait dialoguer les supports entre eux, les détourne, éclate les frontières esthétiques et idéologiques et marque dès 1962, par sa participation au mouvement Fluxus, les débuts d'un nouveau langage, d'un autre type d'invention de l'artiste dans son monde. Actions, happenings-concerts sont une extension à la vision plastique, un défi à toute forme d'aliénation du XXe siècle. Dans un objectif purement critique, il impose un art du conflit, de la rupture, de la mixité, libère l'image d'un certain nombre de repères et d'influences, contre les institutions muséales et le nouvel ordre médiatique.
Cette bande est en soi, un autre musée, des horreurs et des massacres de la guerre, mais aussi de la société contemporaine. Ni passé, ni présent, il compose un espace hétérogène constitué de plusieurs tableaux, hommages à de grands artistes (Dalí, Picasso, Hokusai, Nam June Paik, Léonard de Vinci), scènes en huis clos court-circuitées par des vues extérieures de Berlin. A l'intérieur de ce polyptyque, de cet opéra funèbre, Vostell se positionne comme un témoin, un dessinateur, un géomètre de cette mémoire en train de se souvenir et qui se renouvelle sans cesse dans un espace actuel.
La violence des scènes, la mortification et le supplice des corps de femmes, leur cri lancinant, ainsi que la récurrence obsédante des motifs propres à toute son œuvre : voitures-sépultures, animaux, plumes, terre, pierres, sang, outils, chaînes … libèrent dans l'espace une énergie autodestructive, un état de souffrance, une scénographie de la cruauté.