Adjunct Dislocations II, 1973 - 1978

Betacam numérique PAL, noir et blanc, son


Le travail de VALIE EXPORT combine différentes démarches artistiques. À son travail - majoritairement féministe - viennent se greffer des expériences conceptuelles qui concernent la mise à l'épreuve du temps et de l'espace. Ces deux types de travaux vont de pair, ils s'accompagnent et se complètent.
Dans Adjunct Dislocations II, le corps de VALIE EXPORT fait office de trépied : il est le support de deux caméras 8 mm, fixées à l'avant et à l'arrière de la partie supérieure de son torse, qui filment en simultané deux directions opposées : ce qui se trouve devant l'artiste, et ce qui se trouve derrière elle : des tableaux remplis de lignes et un espace délimité par des surfaces transparentes, sorte d'installation construite en spirale dans laquelle VALIE EXPORT déambule d'un pas irrégulier. Les mouvements qu'elle effectue, aussi légers soient-ils, modifient petit à petit les formes linéaires qui apparaissent sur les moniteurs situés autour du dispositif spatial, retransmises  en simultané. Corps et technologie sont deux interfaces qui interagissent en temps réel et dans un espace concret. L'artiste effectue des déplacements entre les différents éléments en suivant toujours le même processus – un va-et-vient perpétuel – perturbant ainsi la vision du spectateur. Le corps de l'artiste est ici transformé en entité technologique qui cartographie un lieu donné. Corps et machine produisent de l'événement plutôt qu'une représentation. Il n'y a pas d'image pré-enregistrée dans l'espace modelé.
Le spectateur est intégré au dispositif et participe pleinement à l'exploration que VALIE EXPORT engage, il observe que quelque chose a lieu dans le temps. Le corps de l'artiste conserve tout de même son autorité à l'égard de l'espace qu'il arpente.



Lou Svahn