Nationalité allemande
Née en 1943 à Bad Salzdetfurth (Allemagne)
Vit et travaille à Cologne (Allemagne)
Biographie
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Biographie

Dans son approche de la tradition culturelle patriarcale et de son image de la femme, Ulrike Rosenbach met à nu dans son art les clichés prédéfinis attribués à la femme.

L'élève de Beuys et de Kricke, qui avait étudié à l'Académie des beaux-arts de Düsseldorf en 1964-70 et réussi également un examen d'Etat pour l'enseignement de l'art, se concentre entièrement sur l'art vidéo à partir de 1972.

C'est en 1970 que Ulrike Rosenbach présente ses premières Actions vidéo life avec les Actions du cercle naturel à l'occasion de l'exposition Between et en 1973 au marché de l'art à Cologne. L'objet de ses premières créations, comme L'isolation est transparente (1974), ou de ses travaux vidéo précoces, comme Une femme est une femme (1972) et Sorry Mister (1975), est toujours l'artiste elle-même et son approche critique des clichés culturels et sociaux.

A cet égard, sa collaboration spontanée avec le compositeur acoustique berlinois Konrad Schnitzler joue un certain rôle : dans Concert vidéo - Improvisation de 1973, il accompagne à l'orgue et au synthétiseur Ulrike Rosenbach qui palpe les formes de son corps ; ses compositions électroniques avaient d'ailleurs déjà servi plusieurs fois de fond sonore aux travaux vidéo antérieurs conçus sans coupure (Les perles là-bas étaient ses yeux, 1974, avec Méditations de Konrad Schnitzler).

Par son emploi de signes symboliques et de matériaux comme le cercle, le pentacle, le sel et le feu, ses actions font également preuve dans leur forme de présentation et leur motif d'un fort caractère rituel et magique. Des moyens que Ulrike Rosenbach voit, d'une part, comme appliqués spécialement par les femmes pour transformer les valeurs naturelles en valeurs culturelles et, d'autre part, comme une forme intemporelle de la communication. Les objets rituels, comme le mandala sioux dans La résistance interne sont mes pieds (1974) ou les bois à instruments australiens dans Sons des bourgeons de lotus (1979), jouent ici un rôle spécial dans le conflit entre les moyens de perception techniques occidentaux et les symboles des peuples primitifs, liés à la terre et à la nature, employés de manière médiatique.

Après avoir déménagé à Los Angeles et dispensé des cours sur l'art vidéo et féministe à l'Institut des arts de Californie, Valencia, en 1976, des thèmes et décors de l'industrie américaine des loisirs apparaissent dans les travaux vidéo de l'artiste.

Aphrodite TV, une série photos avec des textes d'une interview diffusée par CBS pendant l'été 1976, démonte une fois de plus les clichés sur les femmes ancrés dans la société, et ce par le biais de questions personnelles posées aux célèbres actrices Liza Minelli, Cher et Raquel Welch. Ce thème revient dans la série Venusvision, avec ses représentations de Vénus dans la publicité et l'industrie des loisirs, qui tentent d'adapter Vénus et ses connotations féminines à leurs propres objectifs.

Dans sa série de photos couleurs en 20 parties, Pasadena Rose Parade (1976), un spectacle publicitaire californien pour les reines des fleurs, Ulrike Rosenbach aborde avec ironie l'image de la beauté du patriarche. Lors de la célébration du Nouvel An, la femme est réduite à une pose axée sur l'apparence extérieure et vide de contenu, comme personnification de la jeunesse et de la beauté. Le travail vidéo Madonna of the Flowers, créé en 1975, aborde également ce thème.

Dans ses actions, Ulrike Rosenbach se sert toujours de citations des arts plastiques, de la musique et de la littérature. C'est ainsi que le mythe de la déesse mère Vénus comme personnification d'Eros emprunté à la publicité reste son thème, lorsqu'elle tente de réaliser avec son corps l'image projetée de La Naissance de Vénus de Botticelli. Dans Dépression de Vénus - Imagination de la Méduse, une création qu'elle réalise avec quatre femmes au Palazzo Strozzi en 1977, Ulrike Rosenbach répartit, à l'aide des représentations de Vénus de Titien, Tintoret, Allori et la tête de la Méduse de Caravage, les valeurs affectées à ces deux images contrastées de la féminité.

En 1976, Ulrike Rosenbach prend un nouveau départ en Allemagne, en établissant son domaine privé et professionnel à Cologne. Elle fonde le groupe de travail "Ecole pour le féminisme créatif" et aborde avec intensité les thèmes féministes. Elle crée d'autres travaux photos qui représentent pour la plupart des statues de ses bandes vidéo : la trilogie Culture de femme - Tentative de contact (1977), Ma puissance est mon impuissance (1978).

Son thème est toujours l'imbrication et l'emprisonnement de l'artiste dans les mailles du filet, comme dans Salto Mortale (1978), mais souvent aussi l'implication dans le monde technoïde par l'entrelacement dans le câble vidéo, notamment dans Requiem pour les mères (1980). Elle partage un studio de montage avec son ancien partenaire et collègue Klaus vom Bruch.

Dans sa conception esthétique, Ulrike Rosenbach se consacre surtout, comme le soulignait Wulf Herzogenrath, aux impulsions visuelles pour l'être humain et ses processus psychiques, ainsi qu'à l'étude sur la manière dont les hommes et les femmes font montre de comportements psychiques et sociaux différents.

"Dans mes représentations personnelles de la femme et mes processus de prise de conscience, je m'intéresse également aux processus internes ; c'est la raison pour laquelle je ne fais pas de travaux vidéo qui sont des "documentations" - mais bien des documents de la vie intérieure."

De l'avis de Herzogenrath, c'est également la raison pour laquelle ses travaux vidéo présentent une composante sculpturale liée à l'espace. En 1970, en particulier, elle considère les vidéos comme la prolongation optique de son corps.

Les habitudes de vision de l'observateur sont habilement intégrées, en ce sens que le tempo particulièrement lent, le petit nombre de coupures et la précision jusque dans les détails dans la suite d'images ne remplissent pas ses expectatives en tant que consommateur de la télévision et qu'il prend dès lors conscience qu'il existe un autre mode de vision selon lequel chaque changement peut être perçu comme quelque chose de nouveau et de captivant. La grandeur du moniteur, adaptée à chaque oeuvre, joue également un rôle. L'artiste intègre, par exemple, sa bande Femme-Femme chuchotée à courts intervalles dans la représentation d'un grand colosse dans L'installation Hercule-Héraclès King Kong (1977). S'ajoutent souvent des situations scéniques extrêmes sur ou sous-éclairées.

Depuis 1980, Ulrike Rosenbach introduit comme coulisse d'actions dans ses créations un carton noir qu'elle travaille soit à la craie blanche, soit par la technique de la déchirure. Les dessins à la craie qu'elle réalise le plus souvent avec de grands mouvements des bras constituent, comme auparavant la caméra vidéo, la prolongation optique de son corps (Les femmes judoka ont pour aide des messagers, 1981).

Si dans ces actions vidéo life se dégage une atmosphère rituelle, de par notamment son habillement tout en blanc ou tout en noir et ses figures avec le feu, le sel ou des objets sonores, Ulrike Rosenbach intègre par la suite davantage d'éléments mythologiques-cosmiques (Eve et Adam, 1982-83 et La bande des fées, 1983). Son thème reste la définition du féminin, mais en rapport rituel avec le principe masculin (L'espiègle, 1985).

Ses derniers travaux accordent une grande importance aux anges en tant qu'êtres intermédiaires et médiateurs entre le ciel et la terre, comme dans ses dernières expositions à Heidenheim/Heilbronn (Last Call pour les anges, 1996).

Ulrike Rosenbach était présente aux expositions de la documenta 6 en 1977 et de la documenta 7 en 1987 à Cassel. En 1989, elle reçoit une chaire à la nouvelle Ecole supérieure des arts plastiques à Sarrebruck, où elle est nommée recteur pendant trois ans à partir de 1990.

En 1993-94, la "Haus der Geschichte" (Maison des histoires) de Bonn organise une exposition unique, où l'artiste présente ses travaux sur le thème "L'image de la femme après-guerre" sur 86 moniteurs. Ses sept portraits photos (1994) de diverses images de femmes traitent du même sujet : la "blanchisseuse", la "mère" ou les "femmes en ruines", pour n'en citer que quelques-uns.

Ulrike Rosenbach vit et travaille dans la Sarre et à Cologne.

Lilian Haberer