Premier long-métrage de Neïl Beloufa, Tonight and the People a été tourné à Los Angeles, où se déroule également son intrigue. Le décor, intégralement reconstitué en studio, assume son artificialité comme un trait caractéristique de la capitale du cinéma. Les trajectoires d’individus très différents s’y croisent. Les dialogues ont été construits à partir d’entretiens avec les interprètes et complètent ce portrait-robot de la ville et de ses habitants [1]. Les personnages font corps avec certains stéréotypes : cow-boys, adolescents, hippies, militants... Il·elle·s échangent des propos sur la séduction, la politique, leurs aspirations, évoquant aussi leur conscience écologique ou égrenant des références aux personnalités d’Hollywood. Il·elle·s arborent des bandanas rouges, un signe de reconnaissance adopté aux États-Unis par des communautés si diverses qu’il finit par toutes les fédérer. Cet accessoire devient l’emblème de la vie clandestine des personnages et du renversement auquel chacun·e d’entre eux·elles aspire, car ce qu’il·elle·s ont vraiment en commun, est d’attendre le Grand Soir. Au fil d’un complot qui se trame en sourdine, l’intrigue croise différents genres. Elle bascule du commun au surnaturel pour tenter, en vain, de neutraliser les éternelles contradictions humaines.

Marilou Thiebault, 2020

[1] Conversation avec l’artiste, le 29 octobre 2020. La vidéo People’s passion, lifestyle, beautiful wine, gigantic glass towers, all surrounded by water (2011, 11’), tournée à Vancouver, est un autre exemple de « portrait de ville », suivant cependant une démarche et un mode opératoire qui diffèrent.