Rapport de lois universelles #3, 2013
Vidéo numérique
16/9, couleur, silencieux
3 min 35 s
Un film tel que Rapport des lois universelles (2013) montre la dualité d'une matière en apparence hors de contrôle, en réalité finement paramétrée. On y voit une flaque d'huile noire se hérisser d'innombrables pics pulsatiles et mouvants. Cette substance alien est une solution colloïdale chargée de nano-particules de fer, que l'artiste a versée sur une plaque de verre sous laquelle agissent deux électro-aimants d'intensité modulable. Polarisées par l'attraction alternée de ces aimants, les pointes déferlent et refluent comme les bataillons de troupes ennemies. Un autre frisson parcourt cette houle hypnotique, à mesure que les pics pointent ou s'affaissent selon le degré d'activation des aimants. Hicham Berrada sculpte ainsi le liquide à distance, en jouant sur le magnétisme et la gravité.
Quelques années plus tard, l'expérience se poursuit avec Les Fleurs (2016) – titre symptomatique d'une confusion des règnes où le minéral et le végétal rivalisent dans leurs formes. Ces vidéos captent la floraison de nano-particules de fer magnétisées cette fois-ci par un unique aimant. Apparaît alors, en vue frontale ou latérale, un disque régulièrement hérissé évoquant les graines bien rangées d'un tournesol. Cette savante organisation explose ensuite en éclaboussures hors champ. Puis tout revient ensuite vers un ordre initial. En bouclant ce cycle ordre/désordre l'artiste suggère qu'un code immuable de la matière transcende chaque phase d'entropie.
Hélène Meisel, 2020