Als konte es auch mir an den kragen gehen, 1983
U-matic, PAL, couleur, son
Dans les plis de la nuit, dans la fente qui s'ouvre sur le rêve, l'auteur-témoin, dont on perçoit des fragments de corps, projette, en série, des images-souvenir de cinéma. L'écran comme un bandeau divise, attaque le corps du rêveur, compose son autoportrait morcelé. C'est, de toute évidence, son expérience de la performance qui a amené Marcel Odenbach à mettre en jeu son propre corps, parcouru par le regard du spectateur, par une succession d'écrans qui s'ouvrent et se ferment sur la violence. C'est dans cette œuvre dont le titre fut longtemps Mille meurtres, qu'il invente l'usage du bandeau séparateur de l'image. Vision " fentoscopique ", véritable figure de voyeurisme qui déroule des fragments des Caprices de Goya, les bribes de films américains (Hitchcock en est la référence centrale), tous axés sur la peur et la violence. La scène recadrée, arrachée de son contexte, semble tout d'abord déréalisée et pourtant s'enfle de terreur, ceci par la présence hors-champ d'une partie cachée, amputée. Ce membre fantôme inonde l'image de son absence, la sature par des effets de glissements successifs jusqu'à l'insoutenable. Un masque mortuaire se balance, le regard et la bouche troués par des jets de lumière.
Stéphanie Moisdon
(Texte extrait du catalogue 'Vidéo et après', éd. Centre Pompidou/ éditions Carré, 1992)