Revolving Upside Down, 1968

U-matic KCS NTSC, noir et blanc, son


L'espace est retourné, inversé, et c'est dans cette perte d'équilibre que Bruce Nauman tourne autour de lui-même sur un seul pied, en quête de son centre de gravité. Et si le vide est sous lui, ce n'est pas pour autant un creux dangereux et terrifiant, car le corps dans son mouvement circulaire permanent se restabilise sans cesse, se focalise toujours et à nouveau sur un autre centre. Un mouvement qui trace une ligne oblique dans son parcours, vers une issue, un regard hors champ, en dehors du cadre. L'enregistrement à l'envers provoque une altération de la perception, un autre point de vue qui rentre dans un inventaire des positions possibles que l'artiste ne cesse de lister tout au long de son oeuvre (comme il liste les mots pour ses sculptures lumineuses).
Bruce Nauman, dans un entretien avec Chris Dercon, déclare : "Lorsque j'ai réalisé les performances, il y a longtemps, j'avais fait comme une liste de possibilités d'exécuter certains types de mouvements : se tenir debout, appuyé, assis, couché..., j'avais établi une liste de mouvements semblant discontinus. Lorsque j'ai réalisé les performances, j'ai constaté que certaines des positions paraissaient comporter des liens émotionnels puissants, alors que d'autres étaient de simples modifications de postures qui ne signifiaient rien." 1


Stéphanie Moisdon


1 "Décomposer, décomposer sans cesse", catalogue de la 4e Semaine internationale de vidéo, Genève, 1991.