Windows, 1978
1 Pouce NTSC, couleur, silencieux
Windows est une étude technique ayant pour objet l'enregistrement panoramique de trois fenêtres en contrejour dans l'intérieur d'une maison. Les carreaux de lumière sont solarisés et créent des paysages imaginaires interrompus à de rares reprises par la réalité (un branchage). Les couleurs choisies sont inhabituelles dans cet encadrement, mélangées ou en camaïeux roses, jaunes, bleus, saturés.
Les séquences se composent par superposition ou surimpression des fenêtres, d'abord dans le large espace de la pièce, puis dans des gros plans serrés. Elles se succèdent par fondu et fondu enchaîné, obtenus par la réduction de la luminance. Par exemple, la zone sombre du contrejour passe du noir au mauve et un rectangle de la même couleur et d'intensité lumineuse égale apparaît en surimpression. De nombreuses images abstraites à deux plans sont ainsi créées.
La lumière est représentée dans certaines séquences par l'effet mosaïque, soit à l'intérieur d'un des rectangles de la fenêtre, soit en plein écran. La réduction du nombre de pixels de l'image vidéo provoque l'extension de chaque point en une forme définie, généralement rectangulaire. Ce jeu formel géométrique et coloré s'anime d'un mouvement relativement rapide puis se déplace dans l'écran, et fragmente la fenêtre et l'étiole. Les rectangles s'additionnent sur l'écran dans lequel ils définissent quatre zones, puis huit sur deux plans avec une orientation en diagonale dans l'espace. Les motifs, les couleurs et les rythmes différents multiplient les paysages imaginaires et ne suggèrent plus seulement les fenêtres d'une habitation, mais par exemple celles d'un bus ou d'un train.
La fenêtre tient une place particulière dans l'histoire de l'art : en premier lieu, la fenêtre albertienne liée à la conception de la perspective et à une peinture d'imitation, à l'inverse de laquelle l'art moderne a ramené la fenêtre à l'espace plan du support pictural, aux lignes verticales et horizontales de la grille et aux aplats de couleurs (dans les oeuvres de Piet Mondrian, par exemple), mais aussi à l'opacité (avec Fresh Window (1920), la fenêtre aux vitres de cuir noir de Marcel Duchamp). Dans le téléviseur, Gary Hill propose des variations sur une fenêtre enregistrée en contrejour, fenêtres du voyage et du rêve qui s'offrent en tableaux électroniques et qui se succèdent lentement.
Thérèse Beyler