Equal Time, 1979
1 Pouce NTSC, couleur, son
Dans Equal Time Gary Hill expérimente le temps d'un récit et d'une image structurés par symétrie et synchronie. L'image en noir et blanc est constituée de lignes verticales torsadées, qui rappellent l'arrangement de cordages présents dans Bits.
Le texte se divise en deux narrations parallèles. Elles présentent deux points de vue sur la visite d'une exposition imaginaire. La première décrit l'exposition et l'oeuvre, qui consiste en le recouvrement des murs de la galerie de peinture blanche qui ne sèche pas. La seconde raconte le comportement des visiteurs, le soir du vernissage : ils boivent, discutent, se déplacent, et constatent finalement qu'ils sont couverts de peinture fraîche. Les deux récits ont un passage commun : "I left the room, exiting to a hallway. It was long enough to form extreme perspective looking in either direction with doors to the other rooms on the both sides. I crossed the hall and entered the room opposite me." [1] L'ensemble textuel et l'image partagent le même processus et le même but : identifier deux espaces-temps, les réunir puis les séparer. L'image commence sur les bords verticaux de l'écran, lorsque les voix off, dites par l'artiste, débutent leur récit. Le décalage temporel dans l'apparition des images est résiduel, mais il marque la succession des voix, et leur flux parallèle. Les lignes s'ajoutent, venant de la droite et de la gauche, jusqu'à se superposer au centre de l'écran. Les deux voix disent alors les phrases que leurs textes ont en commun. L'image devient vibrante et moirée. Au milieu de la bande, les deux parties de l'image se replient très lentement, et les récits se divisent à nouveau. La dernière image, identique à la première, est l'aboutissement du processus symétrique.Plusieurs oeuvres de Gary Hill sont construites sur le rapport d'une narration et d'une représentation abstraite de l'espace-temps. Dans Processual Video, une ligne en rotation dans l'écran progresse parallèlement au récit. Le texte de Black / White / Text décrit l'image de la bande et évolue mathématiquement sur le modèle du feedback de l'image : le nombre de syllabes de chaque phrase est le double de la phrase précédente. Les images de Glass Onion évoluent grâce à un processus semblable, passant de l'écran central aux moniteurs périphériques. Cette installation réalise le passage d'un espace à un autre, que Gary Hill a expérimenté dans Equal Time dans un écran et un texte.
Thérèse Beyler
[1] "J'ai quitté la pièce pour aller dans un couloir. Il était suffisamment long pour former une perspective extrême en regardant dans chaque sens, avec des portes des deux côtés menant aux autres pièces. J'ai traversé le couloir et je suis entré dans la pièce en face."