Hair, 1997
Bande vidéo Betacam SP PAL numérisée, 4/3 , noir et blanc et couleur , son
8 min 25 s
Film sans paroles, Hair débute par un gros plan sur une femme vue de dos coiffée d'un casque qui laisse dépasser une abondante chevelure blonde. Elle fait partie d'un groupe de motardes qui sillonne une forêt en Harley Davidson, sur une musique mélancolique de Mercer. Alors que l'image de la moto évoque plutôt la virilité, les filles ont toutes de longs cheveux blonds, le cliché de l'ornement féminin. La thématique de la chevelure est récurrente dans le travail de Rosemarie Trockel. Dans ses dessins, elle est à la fois emblématique de la féminité mais aussi source de caricature. Pas toujours implantés sur le crâne, les cheveux peuvent sortir de la bouche ou être éparpillés sur le côté du visage créant un rapport étrange à cette marque de féminité, qui peut donc devenir un élément troublant voire grotesque. L'ensemble du film joue sur les clichés des genres en les opposant et les détournant. A l'aide d'un trucage grossier, le groupe de motardes semble flotter sur le paysage, comme s'il se détachait sur les rangées d'arbres. Cet effet vidéo place la séquence dans l'irréalité, et, sans surprise, le plan alterne avec le personnage principal en train de dormir, posant délibérément la séquence sur la route comme l'image d'un rêve. La rupture sonore entre les plans sur l'équipée- qui sont accompagnés de musique- et les plans sur la femme dans son lit dans un complet silence est brutale, tout comme l'est le contraste entre la féminité de la chevelure et les corps harnachés sur les grosses motos. Cependant un effet de ralenti sur les motardes adoucit la dureté de l'habillement et des machines. Par intermittence, on retrouve le personnage principal qui bouge la tête dans des poses délicates, laissant flotter librement ses cheveux, dans une attitude à l'opposé de l'iconographie virile de la moto.
Patricia Maincent