Solutions, 1992

U-matic, PAL, 4/3, couleur, son


Avec la bande vidéo Solutions Absalon pousse encore plus loin et rend explicite ce qu'il avait mis en scène dans Proposition d'habitation - expérimenter un univers domestique uni-personnel réduit à son minimum par le dépouillement, l'optimisation et la géométrisation de l'espace.


Solutions montre le protagoniste, Absalon lui-même, vêtu d'un pantalon noir et d'une chemise blanche dans une cellule entièrement blanche, exercer une série d'activités domestiques. Le premier plan montre l'artiste assis sur une chaise devant une table blanche en train de boire, puis manger, fumer une cigarette pour finir par jouer avec ses mains. Dans le deuxième plan, Absalon s'allonge sur une armoire-penderie qui sert également de lit. On le voit ensuite assis sur un bureau occupé à se masturber. Certains de ses gestes sont un peu nerveux et traduisent une certaine angoisse. Dans la scène suivante, il fait les cent pas autour du bureau et appuie sa tête contre le mur. Il secoue ses cheveux pour nettoyer la table des pellicules qui y sont tombées. Le dernier plan nous montre Absalon ôter peu à peu ses vêtements avant de s'allonger dans un cube-blanc qui sert de baignoire.



Les habitations minimales d'Absalon fonctionnent presque comme une deuxième peau, une prothèse et une enveloppe étroite qui évite au corps tout mouvement superflu. Absalon décrit ses espaces et rend explicite leur caractère autobiographique : "Le volume est construit de telle manière que, malgré sa taille relativement petite, je ne souffrirai pas du manque d'espace. Par sa qualité, la cellule est plus un espace mental qu'un espace physique. Comme un miroir de mon intérieur, elle me sera familière. La cellule est un mécanisme qui conditionne mes mouvements. Avec le temps et l'habitude, ce mécanisme deviendra mon confort. […] La maison sera un dispositif de résistance à la société, qui m'empêche de devenir ce que je dois devenir."



Contrairement à la maison traditionnelle qui a pour fonction l'accueil, les espaces cellulaires d'Absalon sont destinés à l'isolement. Ils forment une protection contre les parasites extérieurs. Ces espaces-limites renvoient à une stricte discipline de vie et évoquent sans doute la cellule religieuse avec son extérieur impénétrable et son intérieur serein et austère. La liberté restreinte imposée par les espaces d'Absalon nous place face à notre incapacité à dépasser les limites du corps, sauf par la transcendance de l'esprit.


Cristina Ricupero