4 Short Films, 1971
Betacam SP, PAL, couleur, silencieux
Tournés au départ en super 8, ces 4 plans séquences d’une durée très courte évoquent, chacun a leur manière, la couleur et la peinture tout en questionnant le support film. Ces plans rapprochés presque intimistes sont centrés sur les mains de l’artiste qui manipulent des éléments colorés. Dans le premier plan, l’artiste met en scène des dynamiques inverses. Alors que, dans une main, il tient un sablier dont les grains bleus s’écoulent, dans l’autre il tient un thermomètre dont l’indicateur rouge passe d’une température glacée, à l’ébullition. Il s’agit bien de cinéma car cette mise en scène spectaculaire est une supercherie, sans relation avec le réel. On retrouve ce jeu de mystification dans la troisième séquence, où Baldessari réédite la magie du miracle du Christ qui transforme l’eau en vin, puis à nouveau en eau. Ce spectacle de magie parodie autant la religion, que la véracité du document filmé. Dans la deuxième séquence, Baldessari tient deux petits disques avec des portraits à la Warhol. Il retourne successivement chaque disque qui révèle une surface miroitée, qui éblouit la caméra. Ce petit geste réduit l’histoire du cinéma à un jeu de lumières et d’actrices, éblouissant et hypnotique. Dans le dernier plan, il plonge successivement ses pouces dans des récipients remplis de pigment vert et jaune. Le pigment volatil s’envole et crée des traces aléatoires sur le fond blanc, composant un tableau. Dans cette référence parodique à l’expressionnisme abstrait, le geste pictural est réduit à l’utilisation du pouce.
Patricia Maincent