Script, 1974

Betacam SP, PAL, noir et blanc, son


7 couples d’acteurs amateurs jouent 10 scènes extraites de scripts de films commerciaux. Aucune indication ne leur a été donnée. Ce choix de l’amateurisme souligne l’intérêt de Baldessari pour la Nouvelle Vague, et le cinéma de Godard en particulier. Dans un premier temps, le script des scènes apparaît à l’écran. Puis on voit chaque couple jouer l’ensemble des séquences. Par la suite, chaque scène est à nouveau montrée mais jouée par les 7 couples, permettant la comparaison d’interprétation. Pour finir, on peut voir le top 10 des meilleures séquences (selon Baldessari). La répétition de chaque scène souligne l’éventail d’interprétations possibles d’une simple phrase. Entre le décor, le cadrage, le mouvement de caméra, l’intonation de l’acteur, ses gestes… Chaque détail prend un relief particulier. Du texte à la mise en forme en film, chacun joue selon son environnement et ses codes. A la subjectivité des comédiens s’ajoute celle de Baldessari dans le classement des meilleures séquences. Toujours teinté d’humour, son choix souligne la diversité des propositions et leur maladresse. Que ce soit un sourire de gêne au milieu d’une déclamation, ou un chien qui vient renifler l’acteur en train de mourir, ou encore une voix inaudible dans un échange enflammé, les multiples petites défaillances entrent dans cette sélection finale, pour se terminer par une scène au cadrage audacieux : filmé entre les jambes d’une femme en talons, un homme rampe jusqu’à ses pieds et meurt en s’agrippant à son bas qui se déchire. En terminant par un cliché de l’actrice séductrice et dominatrice joué par des amateurs, Baldessari marque la prégnance d’Hollywood dans notre rapport à l’image.



Patricia Maincent