The King, 1972

Film argentique 16mm transféré sur bande vidéo, numérisée
4/3, noir et blanc, silencieux
51min 18s


Dans The King, vidéo tirée d’une série de performances réalisée entre 1972 et 1978, Eleanor Antin se filme et se photographie avec un déguisement qui lui permet de construire son autoportrait masculin idéalisé ; un alter ego, chef d’état de Solana Beach, une ville de Californie. Ce personnage souligne déjà le goût d’Eleanor Antin pour l’allégorie et le tragi-comique qui animent ses créations les plus récentes.



Au cours de ces performances, elle traverse la ville ainsi masculinisée et va à la rencontre des sujets de son royaume, préoccupée par les problèmes que rencontre la communauté. A l’instar d’une personnalité politique, elle les écoute, les conseille, les mettant par exemple en garde face aux entrepreneurs immobiliers destructeurs de la nature.



Dans sa performance filmée The King, l’artiste filme sa transformation. Dans une pièce sombre, sans décor précis et à l’éclairage maîtrisé et théâtral, elle s’installe à une table de maquillage, face à un miroir. Elle applique sur des zones de son visage préalablement déterminées au crayon noir, des mèches de cheveux qu’elle coupe pour donner vie à son personnage. Elle passe avec minutie par différentes longueurs de barbe et de moustache avant d’aboutir finalement à la taille qui correspond à l’identité du Roi qu’elle va incarner.



Tous les gestes sont lents et précis, tels une chorégraphie, un rituel répété. Les plans s’enchainent par l’intermédiaire de fondus enchainés cinématographiques. Eleanor Antin est telle l’actrice, se préparant dans sa loge ; elle rentre dans la peau de ce personnage anachronique et fantasmé. Elle n’a pas besoin de changer de sexe pour devenir un homme, le costume et la posture suffisent à faire basculer le genre. L’apparence fait l’être.



Priscilia Marques