17 Aandbloem Street, 2004

Betacam numérique, PAL, couleur, son


Cette vidéo a été produite en collaboration avec Very Real Time, programme de recherche pour l'art contemporain actif dans deux des principales villes d'Afrique du Sud, Cape Town et Johannesburg. Un des premiers projets de ce programme a eu lieu en 2003 avec l'organisation d'une résidence d'un mois pour sept artistes à Cape Town. Au terme de cette résidence, Michael Blum avait plus de 13 heures de rushes pour la réalisation d'une vidéo. Il en fera une œuvre proche du reportage, mêlant interviews et images documentaires. Pendant 57 minutes, il suit l'histoire de Vredehoek, un "jeune" quartier de Cape Town situé entre le centre ville et la banlieue où cohabitent différentes communautés étrangères. L'artiste prend pour sujet principal une maison du quartier dont l'adresse est devenue le titre de l'œuvre, 17 Aandbloem Street. A la façon d'une enquête de voisinage, il s'entretient tour à tour avec les différents protagonistes de l'histoire de la maison. Le portrait du 17 Aandbloem Street est donc dressé à travers les témoignages des habitants actuels mais également avec le témoignage des anciens propriétaires et des anciens locataires. Les personnages sont clairement identifiés et nommés : il y a Jean Meeran, l'actuel locataire, Lindsay Clowes, la co-propriétaire, Iain Louw, l'architecte, Zariah Dagnell, agent immobilier, plusieurs voisins, ou encore Dichara Pillay, la cousine d'un ancien colocataire et Michael, un SDF vivant près de la maison. Michael Blum utilise la situation très locale de ce quartier pour l'étendre à une dimension sociologique et politique plus générale. Les personnages peuvent être considérés comme un panel sociologique, choisi pour rendre compte de l'évolution du pays depuis la fin de l'Apartheid. La première partie de la vidéo met l'accent sur le rapport intime de chacune des personnes avec la maison. Elle met aussi en évidence la progression de la classe moyenne mais aussi celle des logements sociaux dans ce quartier. Dans la seconde partie, Michael Blum relate un événement important : la Green Patch party. Epilogue de la vidéo et aboutissement du travail de l'artiste, ce rassemblement festif a lieu au Green Patch, petit espace vert situé devant la maison. Amis et voisins s'y réunissent pendant plus de 10 heures autour d'un grand repas pour se rencontrer, se mélanger, dans un contraste saisissant avec ce qu'a été le régime de l'apartheid. Ce rassemblement peut apparaître comme le symbole du changement en Afrique du Sud. La Green Patch Party est en fait une initiative de Michael Blum, et c'est par un concours de circonstance qu'elle a lieu un 24 septembre, jour de la Fête nationale (Héritage Day), fête célébrant le patrimoine culturel de tous les peuples d'Afrique du Sud. Dans ses travaux, Michael Blum a souvent utilisé la fiction, comme par exemple à la Biennale d'Istanbul où il avait imaginé un personnage de féministe turque, Safiye Behar. Quel rapport a 17 Aandbloem Street avec le réel, si Michael Blum l'oriente en organisant la fête qui nourrit la seconde partie de l'œuvre ? La maison du 17 Aandbloem Street existe-elle vraiment? Est-ce un documentaire ou une fiction réalisés par l'artiste pour donner une vision concrète de l'après Apartheid?


Priscilia Marques


http://www.veryrealtime.co.za/introduction.htm