Nuit d'un jour, 2008

Installation vidéo
1 vidéoprojecteur
1 lecteur mutimédia, 1 amplificateur,
4 haut-parleurs,
1 Betacam numérique, 16/9ème anamorphosée, PAL, couleur, son stéréo,


Avec l'installation vidéo Nuit d'un jour (2008) le spectateur, confortablement assis dans un canapé, assiste à l'anéantissement par le feu du salon d'une maison. Par un plan-séquence d'une heure en caméra fixe, Véronique Boudier donne à voir un foyer (dans les deux acceptions du terme) qui se consume. Les premières minutes, pendant lesquelles rien ne se passe, permettent au spectateur d'appréhender l'espace, d'en saisir les détails : un fauteuil, un canapé, trois abat-jours, une table et quelques chaises. Au centre un miroir qui renvoie le contrechamp d'un paysage. Puis une fumée s'introduit dans le cadre et c'est le départ d'un feu. Par les deux côtés de l'écran, les flammes viennent lécher les murs du salon. Accompagnées de crépitements et de petites déflagrations, elles se font de plus en plus fortes et envahissent toute la pièce. Éclats, variations et rythmes, intensité des couleurs procurent une étrange beauté à cet acte de destruction. Le temps semble s'étirer. Le miroir se brise sous la chaleur. Puis extinction des lumières : l'électricité se coupe. Les murs penchent vers l'intérieur et le sol prend feu, l'un d'eux s'effondre et de la fumée blanche apparaît. L'embrasement est total et fait place à de larges flammes. Les parois tombent et l'envers du décor est révélé, l'espace intime de ce salon était une mise en scène, placée au sein d'une clairière. Des bruits d'oiseaux viennent alors envahir la scène. Une légère luminosité et la brume qui envahit le plan nous indiquent que le jour se lève sur cette clairière. Les flammes baissent peu à peu mais la pièce d'habitation est déjà réduite en cendres fumantes. L'incendie agit comme une incantation appelant l'aurore. Véronique Boudier livre ici une œuvre dans laquelle la création de l'artiste réside dans un acte de destruction jouissif, lent et total.


Laetitia Rouiller