Das Duracellband, 1980

BVU, PAL, noir et blanc et couleur, son


Klaus vom Bruch fait glisser sur les films de propagande nazi le message publicitaire de la pile Duracell " de longue durée ", ces deux types d'images reposant sur les mêmes mécanismes autoritaires et aliénants, ayant les même objectifs et visées sur les mentalités. Il dénonce ainsi cette imagerie contemporaine en parasitant inlassablement son déroulement par d'autres images qui se dévoilent peu à peu dans l'interstice d'une phrase, d'un mouvement. Dans le bref instant où se referme la pile, comme une porte de fer, on voit apparaître d'abord indiscernables, un visage masqué par une main qui n'est autre que celui de Klaus vom Bruch aux commandes de sa table de montage (tiré d'une performance lors de la IIe Biennale de Paris en 1980-1981), le pilote d'un B52 en train de survoler le Japon, les parades des pupilles de la nation sous le régime nazi, des images de villes dévastées par les bombardements. Ces bribes de mémoire contaminent progressivement le champ de vision, tentent de se frayer un chemin dans la marche inexorable et répétitive de la pile, une autre machine de guerre. Elles se propagent dans une poussée violente pour aboutir à la conclusion de ce voyage à rebours de l'histoire : les visages brûlés et les corps mutilés des enfants de Nagasaki.


Stéphanie Moisdon
(Texte extrait du catalogue 'Vidéo et après', éd. Centre Pompidou/ éditions Carré, 1992)