Flat is Beautiful, 1998

Betacam SP PAL, 4/3, noir et blanc, son


Sadie Benning est née en 1973. Elle réalise des vidéos depuis l'âge de 15 ans avec une caméra Fisher-Price. Les bandes qu'elle tourne, pratiquement sans sortir de sa chambre d'adolescente, empruntent la forme d'un journal intime mêlant images, textes lus et textes écrits. A New Year (1989), sa première bande, est un document de quatre minutes sur les sentiments d'une adolescente découvrant son homosexualité. Elle est par ailleurs la fille du réalisateur de films expérimentaux James Benning.

Flat is Beautiful est un portrait autobiographique, qui décrit le  monde solitaire d'une jeune fille de 12 ans appelée Taylor, un enfant latchkey*  qui subsiste grâce à la télévision et aux jeux vidéos, dans un quartier pauvre de Milwaukee (Wisconsin, USA) au milieu des années quatre-vingt.
Livrée à elle-même par une mère aimante mais surchargée de travail, frustrée par une relation distendue avec un père égoïste, elle éprouve une grande solitude affective, et s'interroge comme tous les adolescents prépubères sur son identité sexuelle. Il s'ensuit un sentiment de malaise, exacerbé par son entourage qui regarde d'un mauvais œil son apparence androgyne et ses airs de garçon manqué.
Sadie Benning utilise différentes approches formelles pour décrire le terrain psychologique de son héroïne : d'abord, elle tourne avec la caméra Fisher-Price Pixelvision - sa marque de fabrique - pour les images subjectives, et ajoute, pour des plans plus 'objectifs', scènes d'extérieur par exemple, des images tournées avec une caméra noir et blanc super 8. Par ailleurs, et c'est là son parti pris formel le plus audacieux, Sadie Benning fait porter à ses acteurs des masques de papier sur lesquels sont dessinés les visages, mettant paradoxalement dans le même lieu deux réalités : l'une naturaliste, l'autre fortement stylisée.


* Latchkey est un terme employé pour désigner les enfants laissés livrés à eux-mêmes par des parents souvent absents.