Hyperbulie, 1973

Betacam numérique PAL, noir et blanc, son


Dans Hyperbulie, VALIE EXPORT, nue et les mains liées, évolue dans un espace délimité par des fils électrifiés. Chaque contact avec son corps et sa tête déclenche une décharge que l’artiste s’inflige pendant quelques minutes, le temps de son arpentage. La violence de cette traversée d’un couloir électrifié n’est pas théâtrale, le risque qu’elle prend se distingue clairement du spectaculaire engagé par l’actionnisme viennois, cette violence est d’un tout autre ordre. VALIE EXPORT livre plutôt son corps de femme, en conservant l’air impassible qui caractérise son travail : l’expression de son visage se fige car elle nie cette douleur. Hyperbulie s’inscrit dans une trilogie d’actions (avec Kausalgie et Asemie or the Inability of Expressing Oneself Through Facial Expressions, qui datent également de 1973) où VALIE EXPORT exprime l’incapacité à s’exprimer à travers le langage corporel. L’artiste soumet à son corps des épreuves de violence tant physique que psychologique. Le corps de cette femme, c’est un contre-pouvoir, celui adressé au patriarcat. L’artiste dés-érotise le corps féminin par la violence qu’elle lui fait subir mais elle ne s’adonne pas à une pratique masochiste. L’entreprise vaut métaphore, ici, si on considère que le cadre du couloir de fils électrifiés peut représenter les structures autoritaires du cadre social. VALIE EXPORT fait l’expérience critique d’un refoulement (qui peut être aussi défoulement), le corps devient alors une problématique politique.


Lou Svahn